Du commerce traditionnel à la grande distribution au Maroc.

Alors qu'on parle actuellement aux pays occidentaux, notamment en France, d'une possible fin du modèle 'traditionnel' des hyper-marchés condamné par le 'Big Bang' du e-commerce, en tant que marocaine, il m'est paru nécessaire de parler plutôt du commerce traditionnel face à la tendance haussière de la grande distribution moderne au Maroc. Lorsque je parle du commerce traditionnel, je parle surtout du fameux "Moul L'Hanout".

La distribution moderne.

Le modèle de la distribution moderne a été baptisé au Maroc par la création du premier magasin "Marjane Holding" à Rabat en 1991. Désormais, le marché de la grande distribution est partagé entre quatre enseignes, dont "Marjane-Acima-Electroplanet", "Aswak Assalam", "Label'Vie" et "BIM".

En 2017, le secteur de la grande distribution moderne constitue environ 20% en termes de points de vente et 42% en termes du chiffre d'affaire, du secteur du commerce et de la distribution marocain (Source : Ministère de l'Industrie, de l'Investissement, du commerce et de l'économie numérique).

Malgré que cela fait plus de 20 ans que la grande distribution fût installée au royaume, sa part de marché reste infime par rapport à celle du commerce traditionnel de proximité.

Le commerce de proximité.

"Moul L'hanout", ce fameux modèle de distribution qui a pu résister face à l'occidentalisation du système de distribution marocain, doit avoir des éléments explicatifs à cette résistance. 

Le consommateur marocain, avant d'adhérer à une société de consommation occidentalisée, est un consommateur social. La clé de voûte pour le marocain, c'est la valeur de lien du produit. Ce qui compte le plus pour lui, c'est la valeur sociale qu'il tire derrière tout service.

"Moul L'hanout" est d'abord un marocain, ce qui lui permet d'être le mieux placé à connaître les éléments que le consommateur marocain cherche dans un service. 
Dans ce qui suit, je mets en avant quelques éléments que "Moul L'hanout" procure au citoyen marocain que la grande distribution moderne ne le fait pas, et qui ont fait de lui un rival important dans le secteur.

- La proximité : avec un chiffre approximatif de 27 magasins par 1 000 habitants (Source : lesecos.ma), on peut dire que les "Moul L'hanout" sont disponibles partout et à tout moment. Contrairement aux grandes surfaces, qui sont par définition, implantées dans la périphérie de l'espace urbain. A noter que les hyper-marchés commencent à s'apercevoir l'importance de la proximité et s'implantent de plus en plus dans l'espace urbain ;

- Le carnet de crédit (Lcarnet) : en plus de la disponibilité spatiale et temporelle, le concept du carnet de crédit permet à tous, d'avoir ce dont ils ont besoin et de se faire plaisir de temps en temps, sans avoir des entraves d'argent. Ce concept peut aller au-delà de cela, "Moul L'hanout" peut même prêter de l'argent à ses clients. A ce niveau, il sonne le glas de la finalité pécuniaire du business et met en place une finalité plutôt sociale. Le client n'est plus client, "Moul L'hanout" n'est plus vendeur, ils sont simplement des marocains.

- Moderniser le modèle sans pour autant le changer : "Moul L'hanout" n'est plus le même, durant plusieurs années, il est plus moderne. Sans cette modernisation, il n'aurait pas pu résister aux géants de la distribution. 
De nos jours, on s'aperçoit à des épiceries très modernes, avec une créativité très manifeste, tout en gardant le principe de base du concept. La première modernisation qui saute aux yeux, au moins aux miens, c'est le libre-service, emprunté aux grandes surfaces. 

De tous ces éléments, peut-être d'autres aussi, la résistance et la réussite continue du modèle "Moul L'hanout" sont très évidentes. Cette réussite est bénéfique pour les deux parties prenantes, et même pour une troisième, l'Etat. Selon des chiffres du Ministère de l'Industrie, de l'Investissement, du commerce et de l'économie numérique, le secteur du commerce et de la distribution est le deuxième pourvoyeur d'emplois au niveau national et troisième contributeur PIB (Produit Intérieur Brut) national. 

Vu son rôle conséquent, le ministère de tutelle s'est pris la charge de soutenir ce secteur via des programmes, notamment le Programme de modernisation du commerce de proximité.

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